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Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre (2020) - Jeu vidéo

Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre (2020)  - Jeu vidéo

Le Donjon de Naheulbeuk : L'Amulette du Désordre (2020) - Jeu vidéo

Jeu vidéo de Artefacts Studio et Dear Villagers PC Jeu de rôle et tactique 17 septembre 2020

"Et voilà, nous allons entrer dans le fameux Donjon de Naheulbeuk!" Par Crom, l’univers déjanté de John Lang arrive en jeu vidéo. Retrouvez le ranger, l’elfette, son nain préféré et toute la bande de bras cassés dans un JDR Tactique épique, plein d’humour et de surprises.

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La saga MP3 du Donjon de Naheulbeuk a tellement accompagnée mes années lycée qu’elle est devenue indissociable de mon adolescence dans mes souvenirs et je prends encore plaisir à réécouter les mésaventures de cette bande de baltringues tout en me tenant informé des actualités de cette saga devenue étonnamment prolifique.

C’est donc avant tout en tant qu’adaptation que j’attendais au tournant cette Amulette du Désordre puisque dans la mesure où le projet de série animée semble toujours malheureusement au point mort, ce jeu vidéo devient donc presque indirectement la première transposition en animation des récits des Fiers de Hache. Toutefois et c’est bien là que réside la plus grande surprise de cette adaptation interactive, nous avons également affaire à un RPG tactique tout à fait convaincant dans sa proposition de gameplay, offrant même une générosité insoupçonnée et une véritable aventure convaincante aux gamers désireux de s’immerger dans un monde de fantasy un peu loufoque.

Puisque la communication autour du jeu n’a pas toujours été extrêmement limpide à ce sujet, il convient cependant de préciser qu’il ne s’agit absolument pas d’une adaptation de la première saison de la série audio. L’exploration du fameux Donjon de Naheulbeuk sera certes au cœur du récit mais ce dernier se révèlera en très bonne majorité inédit, en ne reprenant qu’une poignée de scènes emblématiques de la saga audio (pas forcément les plus réussies d’ailleurs mais nous y reviendrons très vite).

Cette réinterprétation inattendue pourra certes occasionner quelques déceptions auprès du fan qui espérait retrouver un déroulement plus fidèle à celui de la première saison mais ce choix permet également d’éviter une certaine redondance à simplement recycler des péripéties audios que nous avons appris à connaître par cœur au fil des années. Et dans la mesure où cette première adaptation interactive propose une aventure d’une étonnante longueur, dépassant largement le cadre de la série audio (la durée de vie pouvant s’étendre jusqu’à une quarantaine d’heures !), cette approche semble effectivement la plus pertinente pour éviter un sentiment de lassitude, d’autant qu’elle permet la mise en place de nombreuses surprises inattendues qui parviendront à dérouter les attentes des fans les plus chevronnées.

Toutefois, cette démarche met également davantage en évidence l’écueil majeur qui amoindrit l’impact de cette adaptation au demeurant franchement réussie et il est préférable de le mentionner d’entrée de jeu pour évoquer l’Ogre guitariste tout nu au milieu du couloir : à de nombreuses reprises, l’humour fonctionne nettement moins bien en comparaison de la série audio.

Les raisons en sont certes facilement identifiables mais puisque l’humour est au cœur de l’expérience de Naheulbeuk, ce point mérite de s’y attarder davantage :

En premier lieu, les dialogues ne bénéficient d’aucune mise en scène spécifique et la caméra reste sempiternellement en hauteur durant les discussions (parfois assez longues) entre les aventuriers. Il faut certainement y voir une contrainte budgétaire qui était difficilement conciliable avec le choix du RPG Tactique et l’éloignement de l’action que cela implique mais malgré tout, il arrive souvent de regretter l’aspect assez terne des conversations entre les héros alors que leurs chamailleries faisaient généralement toute la saveur de la saga audio. Même la mise en scène minimaliste de la série Kaamelott, avec ces champs / contre champs classiques, apporte un dynamisme bienvenu aux engueulades de la cour d’Arthur et c’est justement ce sentiment de dynamisme qui fait tant défaut aux dialogues de ce jeu vidéo.

C’est un point qui a déjà fait couler beaucoup d’encre mais le doublage français se révèle effectivement d’une qualité assez inégale, même s’il faut tout de même saluer la grande diversité des intervenants en comparaison des RPG traditionnels où dix Quest Givers se retrouvent souvent avec la même voix. Comme à l’époque de la production de la série animée, John Lang (POC) avait été dès le départ très honnête sur son incapacité à refaire toutes les voix de la série audio, en raison de la charge de travail monumentale que cela impliquerait (et étant donné la masse assez hallucinante de dialogues de cette adaptation en jeu vidéo, c’est déjà une vraie chance de le retrouver dans les rôles du Nain, du Barbare et même de l’Ogre !).

Il n’y a de toute façon pas de quoi crier au scandale en ce qui concerne les personnages principaux, avec même quelques heureuses surprises comme Jacques Chambon qui campe un très bon Ranger (son Merlin de Kaamelott étant de toute façon déjà assez proche dans sa caractérisation, les boules de feu et le Rassemblement du Corbeau au moins) et la voix du Narrateur désabusé qui se révèle également particulièrement réussie. Malheureusement, le constat se révèle rapidement plus mitigé dès qu’on s’attarde sur les nombreux personnages secondaires qui parsèment cette aventure (contrairement à la saison 1 de la série audio, les aventuriers sont très rarement seuls dans leur quête et côtoient beaucoup plus de baltringues venus de tous horizons).

Reivax et le Ménestrel faisaient partis de mes personnages préférés de la série audio mais leurs nouvelles voix sont tellement horripilantes que je suis heureux de ne pas les avoir croisés plus que nécessaire durant cette quête de l’Amulette du Désordre. Je ne connais pas la répartition exacte des comédiens mais je me risquerais à dire qu’employer des Youtubers amateurs n’était pas forcément l’idée la plus judicieuse, surtout quand ces derniers doivent côtoyer des comédiens chevronnés en parallèle.

Enfin puisque Naheulbeuk est également une question d’écriture, n’en déplaise aux mauvaises langues, il peut être utile de préciser que malgré l’implication de John Lang Himself dans le script et la validation des dialogues, le scénario est également l’œuvre d’un autre scénariste, ce qui peut également clarifier cette mise à distance en comparaison des péripéties de la série audio mais également expliquer pourquoi l’humour semble parfois en décalage avec le reste de la saga puisqu’il n’est sans doute pas facile de s’approprier un univers qui a déjà deux décennies d’existence.

Gardez toutefois en tête que ces différentes remarques concernent principalement l’humour tel qu’il est présent dans la majorité des dialogues du jeu car s’il y a bien une réussite à laquelle parvient cette adaptation, en contrepartie, c’est bien de réussir à distiller de l’humour au sein de l’expérience même du joueur, autrement dit à travers le gameplay. Des efforts louables ont ainsi été accomplis pour pimenter la découverte du fameux Donjon par de nombreuses remarques assassines des aventuriers ou des échanges inattendus entre certains baltringues durant les affrontements. C’est donc directement par l’intermédiaire du gameplay que l’humour de cette adaptation parvient le plus à briller et même à occasionner quelques rires sincères, que ce soit durant l’exploration des niveaux, le gameplay des combats ou même la gestion de l’inventaire.

La simple possibilité de changer à tout moment le chef de l’équipe durant les déplacements hors combats (désolé pour le Ranger) afin d’apprécier les nouvelles répliques qui en découlent illustre déjà bien la réussite du jeu en la matière. Et puisqu’à nouveau l’aventure se révèle assez longue, de nombreux dialogues seront débloqués progressivement pour commenter les péripéties des chapitres précédents. Même chose en ce qui concerne le combat, le déblocage des nouvelles compétences occasionne souvent des nouvelles répliques associées durant les affrontements, les différentes combinaisons d’entraide entre les aventuriers possèdent leurs propres dialogues spécifiques et bien évidemment, les nombreux échecs critiques qui parsèment les combats seront tous accompagnés de commentaires désapprobateurs de nos compagnons. Tout un enrobage narratif qui mérite d’être souligné puisqu’il représente très clairement la meilleure réussite du jeu sur le plan humoristique et qui parvient souvent à contrebalancer les blagues un peu ternes durant les dialogues plus traditionnels.

Bon, l’humour c’est bien joli mais comment ça se joue tout ça concrètement ? Eh bien, ça se joue étonnamment très bien et ce n’est clairement pas une adaptation qui vous inflige des combats sous le simple prétexte de remplir un cahier des charges. Les péripéties de la saga audio étaient déjà marquées par une organisation bordélique des aventuriers, malgré les efforts du Ranger d’imposer ses conseils de Stratélique, le choix du RPG Tactique se révèle donc particulièrement judicieux dans le cadre d’une adaptation. Les développeurs ont même fait le pari audacieux d’intégrer directement les maladresses des baltringues dans le gameplay puisque les échecs critiques se révèleront beaucoup plus fréquents que dans les autres jeux du genre.

On ne va pas se mentir : même si ce procédé est totalement cohérent dans une logique d’adaptation de la saga Naheulbeuk, en matière de gameplay cela occasionne surtout de sacrés moments de rage quand un plan bien échafaudé se solde par un échec cuisant à cause de l’incompétence de nos compagnons, comme ce crétin d’Ogre pas foutu d’atteindre l’ennemi en face de son gros pif (il y a même une private joke du jeu à ce sujet ^^). Toutefois, il existe une contrepartie intéressante à cette approche : les échecs critiques augmentent en effet la jauge magique de la déesse Randomia qui accorde sa bénédiction aux aventuriers malchanceux.

Ainsi, chaque tir raté de l’elfe ou glissade imprévue durant une attaque au corps à corps permet de remplir cette jauge qui occasionnera des bonus intéressants pour contrebalancer la malchance des Fiers de Hache et s’il est au départ tentant d’économiser à l’excès les bonus de cette jauge salvatrice pour les moments opportuns, c’est bien dans la gestion adéquate de cette aide divine que réside le véritable équilibre du jeu, ce qui vous évitera accessoirement quelques crises de rages malencontreuses.

Au-delà de ce choix plus discutable, il subsiste toutefois au sein de cette adaptation une véritable réussite dans la transposition de la saga audio en gameplay qui consiste tout simplement dans les compétences concrètes des différents aventuriers. Même au bout de quarante heures de jeu, on ne cesse de s’étonner à quel point les différentes aptitudes des Fiers de Hache sont cohérentes avec leur caractérisation dans la série audio, tout comme leur utilité à chacun durant le gameplay des combats. Ainsi, la progression des aventuriers sera toujours associée à des déblocages de nouvelles compétences dont certaines sont des références plus ou moins obscures aux péripéties de la saga originelle. A ce titre, la progression du jeu a totalement assimilé l’obsession du Loot et du Level Up qui caractérisait la saga Naheulbeuk (et les jeux de rôle en général). Chaque niveau se mérite et se débloque moins rapidement qu’à l’accoutumée tandis que le jeu ne cesse de surprendre par la qualité visuelle des armures débloquées à chaque nouveau degré de rareté.

En contrepartie, parmi les derniers écueils qui pourraient encore être adressés, l’équilibrage serait également à remettre en question puisque le jeu se veut au départ assez exigeant, même en mode Normal/Balade de taverne, en proposant des murs de difficultés assez élevés et inattendus avant de laisser le joueur littéralement rouler sur l’aventure pendant plusieurs heures. Et enfin, cette adaptation souffre également d’une malédiction caractéristique de cette fin de génération, celle du remplissage à vide pour meubler artificiellement la durée de vie. Et sans atteindre le contenu exaspérant d’un FFVII Remake ou The Last Of Us Part 2, il est évident que cette Amulette du Désordre aurait gagnée à raccourcir la durée de vie de sa quête principale et le nombre de ses quêtes secondaires, pour privilégier davantage la qualité à la quantité, même si le jeu a toutefois le mérite de proposer encore de la diversité dans le bestiaire et les environnements proposés même en fin d’aventure.

Mais qu’importent ces divers écueils au bout du compte.

Certes, tout est encore un peu imparfait mais en somme, tout est surtout déjà là en matière d’adaptation, même jusque dans les musiques et sonorités qui forment autant d’échos sonores à l’ambiance de la saga audio. Tout transpire tellement l’atmosphère Naheulbeuk que les familiers des aventures audio se sentiront rapidement chez eux, aux côtés des baltringues qui prennent enfin vie à l’écran.

Alors c'est vrai, il y a sans doute quelque chose qui relève du capital sympathie envers cette adaptation interactive et il sera également intéressant de voir la réaction des joueurs non connaisseurs de la franchise puisque ce jeu vidéo marque potentiellement une nouvelle étape dans l’ouverture de l’univers de Naheulbeuk à un nouveau public. Mais en attendant, inutile de bouder votre plaisir si vous avez grandi aux côtés de ces aventuriers infortunés en imaginant les images qui pouvaient bien accompagner ces sons mouvementés. Avec ce jeu vidéo, vous aurez désormais une transposition visuelle convaincante à associer à cet imaginaire sonore. Ce n’est pas une transposition opportuniste d’un phénomène internet mais bien une adaptation consciencieuse et réfléchie d’un univers humoristique dont l’affection qu’il dégage a depuis longtemps dépassé le stade de la simple parodie.

Et pour cela, c’est bel et bien une réussite critique !

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